Drame dans une famille paysanne de l’entre deux guerres : une dispute qui se termine mal, va provoquer un bouleversement dans un système familial fragilisé par la domination d’un chef dont l’autorité repose sur la terreur qu’il inspire.


Les familles traversent des moments heureux ou tristes, subissent ou provoquent des évènements qui déstabilisent voire bouleversent la vie de chacun de ses membres. Ce texte raconte un de ces moments. Chaque personnage est l’élément d’un système dont l’entropie mène à la rupture, à l’explosion.

Roland Feuillas

Edition : Le Trouve Feuille, juil 2016

Genre : théâtre

ISBN : 979-10-227-5131-5

public : tout public

Format : 13X18cm,

Nombre de pages : 96

livre version papier : 8,50€

livre version numérique : nc

extrait

Lucie est aveugle. Elle est seule en scène. Tendue, elle écoute. Elle a des mouvements désordonnés alternant avec des moments d’abattement. Manifestement, elle attend quelque chose ou quelqu'un. Auguste entre apparemment très excité, en se retournant fréquemment pour regarder derrière lui. Il est silencieux, il reste à l'écart, s'assoit,  prostré. Il respire fort.

LUCIE : Auguste ? C'est toi ? (Un temps.) Paul ? (Un temps.) Auguste ?Tu es là ? C'est toi, Auguste ? Où est Paul ? Que s'est-il passé ? Je vous ai entendus dans la grange. (Un temps.) Paul ? C'est toi ? (Un temps.) Non, cette odeur. (Un temps.) Ce n'est pas Paul. Auguste, réponds-moi, pourquoi tu ne dis rien ? C'est bien toi. Réponds-moi. (Un temps.) Petit, s'il est arrivé quelque chose, il faut me le dire. (Un temps.) Aie pitié de moi, ne me laisse pas comme ça. Parle-moi. Dis quelque chose. (Un temps.) Je sais que c'est toi Auguste. Je reconnais ton odeur. Je ne vois plus, mais je sens. Je te sens. Viens, mon petit, donne moi ta joue à embrasser, viens. Viens que je sentet es cheveux, que j'embrasse ta main. Tu n'auras pas besoin de  parler, laisse moi sentir ton odeur et je saurai. Viens. Les enfants quand ils sont mal, sentent l'oiseau. Une odeur de moineau blessé. Une odeur qui reste là, au creux de la main, longtemps. L'oiseau est parti et son odeur reste. Toi, mon petit, tu n'es plus vraiment un enfant, mais tu as gardé l'odeur du moineau. Viens, près de moi. Viens.

Adeline est entrée pendant la réplique de Lucie, silencieuse, elle est allée vers Auguste qui n'a pas bougé. Elle l'a pris contre elle et le berce. Elle est hagarde. Elle semble vivre dans un autre monde. La plupart du temps, quand elle chantera, les paroles de ses chants seront mêlés aux répliques des autres personnages sans que cela ne la trouble. Elle chante en sourdine. Lucie, d'abord surprise, parlera sur le chant d'Adeline.

ADELINE : Mon petit oiseau a pris sa volée,

Mon petit oiseau a pris sa volée,

A pris sa, à la volette,

A pris sa, à la volette,

A pris sa volée.

Il prit sa volée sur un oranger,

Il prit sa volée sur un oranger,

Sur un o, à la volette,

Sur un o, à la volette,

Sur un oranger.


LUCIE : Adeline ? Adeline, je ne t'ai pas entendue entrer. Dis-moi ce qui se passe. Parle moi. Cesse de chanter, dis-moi. Auguste est là ? Avec toi ? Qu'avez-vous tous les deux ? Que s'est-il passé ? Il est arrivé quelque chose ? Auguste, pourquoi tu ne parles pas ? Pourquoi vous ne me dites rien. Dis-moi, Auguste, dis moi quelque chose. Tu pleures ? Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ? Auguste, qu'est-ce qu'on t'a fait ? Qu'est-ce que tu as fait ? Pourquoi tu ne parles pas ? Pourquoi tu ne me dis rien ? Et toi, Adeline, ne chante plus, je t'en prie, dis-moi pourquoi ton enfant pleure. Il pleure, je l'entends, je ne sais pas pourquoi. Je dois savoir.

...

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Roland Feuillas               Blessures

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